20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 08:16

Larguez les amarres. Il y a cinq ans, Soizic la Dunkerquoise et son mari David Cuisnier ont pris la mer vers une nouvelle vie, au large du Finistère, sur l'île de Quéménès. Ils sont passés pour des doux dingues. Eux n'ont jamais regretté leur choix.

 

Delphine Hove a interviewé Soizic  pour "Le Ruche" en septembre 2008.

 

Vous les avez peut-être vus à "Des racines et des Ailes " ou "Thalassa"

 

La Voix du Nord en parle ce matin

 

http://www.lavoixdunord.fr/region/ils-ont-tout-quitte-pour-changer-de-vie-jna0b0n528031

 

À Quéménès, le concept de la fête des Voisins n'a jamais pris. La famille Cuisnier n'est pas misanthrope, c'est juste qu'elle n'a pas de voisins.

David, Soizic, Chloé et Jules sont les seuls habitants de cette île étriquée (1,3 km de long pour 300 m de large), au coeur de l'archipel de Molène.

Pure folie penseront les uns. Utopie jugeront les autres. Eux s'en contrefichent. Cette vie insulaire, ils l'ont choisie.

« L'île appartenait à un privé qui n'y travaillait plus depuis une bonne vingtaine d'années. » Au milieu des herbes folâtres et des bâtiments décrépits, difficile d'imaginer un quelconque avenir à Quéménès, raconte Soizic, 29 ans, des racines dunkerquoises et une enfance à courir sur la digue de Malo.

Relancer l'activité

« En 2003, le Conservatoire du littoral rachète l'île » pour la préserver et échafaude le plan a priori insensé d'y relancer l'activité agricole et touristique. L'appel à projets tombe trois ans plus tard. À cette époque, Soizic travaille à Brest comme éducatrice en milieu marin. David est responsable d'un magasin de plongée, plus porté sur l'agriculture et la géo que sur le commerce. « On a répondu sans avoir la volonté de s'extraire du monde. On voulait se faire plaisir en montant quelque chose ensemble. » Douze dossiers au départ, un seul à l'arrivée. Le leur. Axé sur deux thèmes forts : la culture de pommes de terre bio et la création d'une dizaine de chambres d'hôtes.

Seulement en 2007, lorsqu'ils débarquent sur l'île, les nouveaux locataires mènent la vie sous tente, pas la vie de château. « Les travaux n'étaient pas finis, il n'y avait ni eau courante ni électricité. » En pareilles circonstances, les plus douillets auraient détalé. Pas les Cuisnier. « Ça a été un peu difficile au début. On n'est pas là pour regarder les oiseaux et les moments où on ne fait rien sont assez réduits.

» Une vie de labeur (de surf et de baignades aussi) pour faire tourner leur affaire à plein régime : plus de dix tonnes de pommes de terre Monalisa - à l'amidon si délicat - sont récoltées chaque année. En saison, les chambres d'hôtes ne désemplissent pas. « On accueille environ 400 personnes d'avril à octobre. On voit plus de monde que lorsqu'on habitait sur le continent ! » On leur prédisait une existence monacale, rythmée par le ressac et les corvées au champ. Soizic s'en amuse : sa maison est bien mieux équipée qu'à Brest. D'autant qu'avec EDF comme partenaire, le couple dispose d'une éolienne et de panneaux solaires dernier cri. « On vit à l'opposé de ce qu'a pu vivre Robinson en vérité ! » Le naufragé ne connaissait ni les ordinateurs ni l'Internet qui simplifient la vie. « Sans, ça aurait été plus difficile. » Car chez les Cuisnier, on vit l'insularité haut débit. « Mon mari retourne tous les quinze jours sur le continent chercher les commandes de courses ou de vêtements. » En un tour de barque, ils récupèrent leur courrier et consultent le médecin, à Molène. « En cas d'urgence, on nous envoie un hélico pour l'hôpital de Brest. »

« Tout faire pour rester »

Un mode de vie déconcertant, David et Soizic en sont conscients. « Certains ne pourraient pas se passer d'un ciné ! » Eux ne ressentent aucune frustration. Dans leur vie d'avant, ils ne sortaient pas beaucoup. Trois restos par an. « On préfère voir des copains ou être à la maison. » Entourés de leur basse-cour, de leurs moutons et de Gaston, leur cochon. « C'est difficile à expliquer, cette île est tellement magnifique qu'on fait tout pour y rester. » Si Chloé, deux ans et demi, et Jules, trois mois, souffrent un jour de l'isolement, alors ils rentreront. « L'avenir va dépendre des enfants. Ça ne sera pas gérable d'aller tous les jours à Molène pour l'école », constate Soizic. Pas plus évident de concilier cours par correspondance et travail à la ferme. « Ils ont toujours vécu ici et ne savent pas comment ça se passe ailleurs. » En grandissant, ils envieront peut-être leurs copains restés sur le continent. « Pour l'instant, notre mode de vie n'en fait pas des sauvageons. » Plutôt des enfants insouciants qui s'affairent à leurs pâtés de sable avec sérieux.

« Nous avons passé une convention de neuf ans avec le Conservatoire, mais si on veut rester, on reste ! » Solidement accrochés à leur rêve. Cette année, pour la première fois depuis leur arrivée, Soizic et David ont pu se verser un salaire. Ils se sont lancés dans la récolte d'algues et dans la vente de viande de mouton. Preuve que leur projet était viable. « On sait qu'on ne sera jamais chez nous, mais le jour où on devra partir, il faudra que d'autres continuent » à faire vivre Quéménès. Leur précieuse île aux trésors.

•PAR MARIE DELATTRE (voix du nord du 20 juin 2012) 

Rens. : www.iledequemenes.fr ou sur le blog de David et Soizic : iledequemenes.hautetfort.com

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