Philippe Rommelaere nous a quittés subitement à Millam, le samedi 22 octobre à l'âge de 80 ans.
Ses funérailles seront célébrées le vendredi 28 octobre 2022 à 14h30, en l'église Saint-Omer de Millam.
Publié dans la Voix du Nord Publié:1 Novembre 2021
« Je suis un rebelle. Quand je joue de l’orgue, j’improvise, j’aime m’aventurer. » Philippe Rommelaere n’a rien d’un Indiana Jones. Lui s’illustre dans l’ombre, celle de l’imposant orgue Van Peteghem installé au balcon de l’église Saint-Omer, à Millam. L’instrument accueille ce lundi à 16h un concert de l’organiste Christian Bacheley et du trompettiste Pierre Kumor, dans le cadre du festival international d’orgue en Flandre.
Le duo en rappelle un autre, qui réunit à chaque messe millamoise Philippe Rommelaere et François-Louis Pettenati. « Je joue de l’orgue, il m’accompagne à la clarinette. C’est beaucoup plus joli », assure l’organiste bénévole attitré de l’église.
Selon lui, l’orgue de Millam ne sonne pas banal : « Il date de 1849, c’est l’un des seuls Van Peteghem encore en bon état de jouer sur le territoire », confie, presque amoureusement, Philippe Rommelaere. « Je l’ai entendu pour la première fois lorsque j’étais enfant de chœur, vers sept ou huit ans. Sa sonorité m’a immédiatement attiré, comme une espèce d’envoûtement. »
« Jouer juste, avec les tripes et le cœur »
L’envoûtement, c’est ce qui traverse encore Philippe Rommelaere dès qu’il s’assoit devant son instrument géant. « Quand vous êtes là-haut, il y a forcément un peu d’orgueil, parce que vous avez l’impression de dominer », rit le musicien. Un pédalier, deux claviers, des dizaines de jeux et de tuyaux, l’homme manipule tout en évitant les fausses notes. « Le rythme d’une messe impose des moments calmes et d’autres où l’on peut jouer de gros bazars. Quand on improvise un peu, il faut jouer juste, avec les tripes et le cœur, pour emporter les gens. »
Durant la Seconde guerre mondiale, les paroissiens ont peint ses tuyaux en plomb pour éviter qu’ils ne soient démontés par les Allemands », souffle Philippe Rommelaere. « En 1977, le curé a vendu un petit terrain appartenant au diocèse pour le restaurer. » Lui en joue dès qu’il peut, s’entraînant parfois seul et tard le soir. « J’en ai joué l’autre jour, jusqu’à ce que le noir m’entoure au milieu de cette immense église vide. Je me suis sauvé avec la nuit. »