6 septembre 2019 – 7e jour de tenue de mon pari littéraire (c’est un bien grand mot !) d’écrire « 20 lignes par jour, génie ou pas », selon la formule de Stendhal. Aujourd’hui je salue quelqu’un, et je le ferai sans doute assez souvent : c’est le moyen d’attirer quelques lecteurs vers mon blogue qui est à internet ce que la feuille est à un chêne : très vaguement utile et résolument perdu dans la masse.
Jean-Marie Schodet n’est pas une rock star, mais c’est un musicien émérite. L’homme, qui a quelques années de plus que moi, a dirigé tout au long de sa vie des formations telles que l’orchestre symphonique de l’Opéra de Bruxelles, puis celui des conservatoires de Prague, Budapest, Paris et Tel Aviv, avant d’achever sa carrière « officielle » à l’Académie royale de musique de Londres.
Pour se reposer – façon de parler – il a pris sa retraite du côté de la Vendée, où il a encore fort à faire avec quelques chorales et avec le Festival des Voies de la Voix à Moutiers qu’il dirige. Bon, moi je me souviens surtout du fait que, lorsque j’avais 15 ans, il a été mon professeur de musique. A Dunkerque. Non sans mérite : ces classes d’adolescents insupportables alors davantage soucieux de leur mobylette et de variétés que de Mozart, entre autres. Pourtant, il avait quand même pris la peine – et c’était intéressant – de nous expliquer aussi qui était, par exemple, Jelly Roll Morton, et pourquoi il s’appelait comme ça… Il nous mettait aussi en garde contre la confusion entre le blues et le rythm and blues. Bref il nous avait capté et captivé.
Après la 3e, cette année-là, plus de musique au programme. Qu’à cela ne tienne, j’irai chanter une paire d’années dans la chorale dunkerquoise qu’il dirigeait. Le bonheur.
Je l’ai revu, après une interruption de presqu’un demi-siècle, l’an dernier, chez lui, en Vendée, alors que je passais par là. Nous sommes tombés dans les bras l’un l’autre et nous avons parlé quelques heures durant de nos vies, de nos amis communs, autour de quelques bières du Nord ou de Belgique dont nous raffolons tous deux.
Je n’ai pas osé lui dire – j’aurai peut-être dû – que c’est un peu grâce à lui que je suis devenu un amateur – éclairé, j’espère – de toutes les formes de musique ou presque, même si j’ai lâchement délaissé au fil des années guitare, harmonica ou flûte qui m’avaient pourtant beaucoup donné alors que je les ai moi-même si peu (et si mal) servis. Que voulez-vous, je suis devenu résolument profane côté instrumental.
Par contre, j’aime toujours mots et jeux de mots, et lui aussi. Alors je lui dédie celui-ci, un peu sacrilège à défaut d’être excellent : Jean-Marie, je te dois d’avoir goûté un peu de la formidable gastronomie musicale, du tournedos de Rossini… à la Vache-qui-Rit de Wagner !
le texte de Jérôme Daquin. blog de Jérôme Daquin