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Interwiew paru dans la Ruche, news n°2, dec 2007

 

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carton1De Dunkerque au procès de  Nuremberg.

Edith Varet a interviewé pour la Ruche Gustave Carton, personnage marquant de la vie dunkerquoise, membre haut en couleur d’une famille très connue dans notre ville. Qui ne connaît l’avenue Carton-Lurat à Dunkerque ? Mais Gustave a lui-même vécu des choses étonnantes.





 

La Ruche : Un personnage, professeur ou autre vous-a-t-il marqué au cours de votre scolarité ?

G.Carton : Je me souviens bien de mademoiselle Henriette Desmidt, que j’appréciais pour sa gentillesse. J’ai aussi connu Monseigneur Lestienne, un de nos grands Supérieurs. Il y avait aussi une autre demoiselle Desmidt, Marie Jeanne : Elle me faisait peur car elle avait un pied bot. Je l’ai eue en 7ème : elle n’était pas facile et je n’en ai pas gardé un bon souvenir. Le collège m’a donné une formation solide d’homme et m’a surtout permis de progresser en orthographe (je suis passé de 40 fautes à 3 !)

 La Ruche : Parlez-nous de votre parcours professionnel.

G.Carton : Je suis entré dans l’entreprise familiale de négoce de bois à l’âge de 16 ans. A l’époque, J’allais chercher du bois au bois du  Ham près de Watten  par tous les temps.  J’y ai travaillé jusqu’en 1972 puis après un passage chez DK Pneus, j’ai installé et dirigé L’agence Flipo manutention jusqu’en 1987. J’ai toujours été un bon manuel : le travail du bois, la mécanique auto me convenaient très bien.

 

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Gustave, chauffeur des personnalités de Nuremberg


La Ruche : A 22 ans, en 1945, après l’évacuation de Dunkerque, vous êtes engagé volontaire, et c’est là que vous avez vécu des moments exceptionnels. Pouvez-vous nous raconter cette période ?

G.Carton
 : Intégré dans la police militaire (FFI)carton3 à Lille, je fais mes classes à Croix   (Villa Cavrois) et je reste 10 mois dans la région lilloise. Je me retrouve dans le train des équipages en janvier 1946 vers « une destination inconnue ». En fait, au bout de quatre jours, nous prenons en charge des véhicules à Paris et, en tant que chef dépanneur, je suis chargé avec d’autres de conduire les personnalités de la délégation française au tribunal de Nuremberg. Je suis leur chauffeur et  leur dépanneur attitré. Le procès a lieu dans le Palais de Justice qui a l’avantage d’être grand, peu endommagé par la guerre et qui comporte une prison. C’était, en fait, le lieu de détention des criminels de guerre.  

J’ai pu assister à trois séances du procès, réparties au début, milieu et fin. Les demandes devaient être effectuées plusieurs jours à l’avance. Nous obtenions une carte d’entrée spéciale et nous étions placés comme pour aller au spectacle.

 

 

carton4Au début, les accusés étaient très en forme mais la dernière fois que je les ai vus, l’inquiétude se lisait sur leur visage.

De mon balcon, j’apercevais à droite, tout en haut, devant leurs drapeaux respectifs, les huit juges des quatre nationalités : Deux  Russes (Colonel Volchkov et Général Nikitchenko), deux Anglais (Sir Birkett et Lord Justice Lawrence, président du tribunal), deux Américains (sir Biddle et sir Parker) et deux Français (Monsieur Henri Donnedieu de Vabres et Robert Falco). Pour moi, ce fut le premier grand procès  de guerre ayant fait depuis jurisprudence. C’était nécessaire après toutes les atrocités vécues pendant cette terrible période.

Pour permettre à tous d’entendre le procès dans sa langue maternelle, trois interprètes avaient été réquisitionnés. Chaque spectateur portait un casque d’écoute. A l’époque (1946) cette façon de procéder était très moderne.  Les autorisations étaient données en fonction des sujets traités. Je n’étais qu’un chauffeur, je n’avais droit qu’au balcon. Les parterres étaient réservés aux journalistes et aux personnalités. La première fois, j’étais présent lorsque l’on a visionné un film sur les atrocités des nazis, les camps de concentration juifs, la deuxième, j’ai écouté les comptes-rendus  de monsieur Edgar Faure et la troisième, ceux de monsieur Serge Fuster.
2.Le pass de Gustave Carton:

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Quel est votre meilleur souvenir ?

 

G.Carton : 1949, la procession de Furnes où j’ai rencontré Françoise qui allait devenir mon épouse. Nous sommes restés mariés 36 ans, nous avons eu cinq enfants et quinze petits-enfants. Elle est décédée trop jeune, à 57 ans. Comme je me débrouillais bien en sculpture sur bois, je lui ai fabriqué un certain nombre de meubles !

 

Je suis quand même inquiet pour l’avenir des jeunes. Nous vivons dans un monde trop individualiste. Par contre je souscris sans problème à tout ce qui se fait pour protéger notre planète. Je suis pour le développement durable, c’est la seule solution pour préserver l’avenir de nos jeunes. Un supplément de Foi aussi serait nécessaire. Dieu doit être présent dans nos vies, on l’oublie trop facilement. « On est sur terre pour gagner son ciel ! ». Fonder une famille chrétienne, être fidèle aux autres et à soi-même, voilà ce qui me paraît le plus important.
 

NDLR : Le procès de Nuremberg fut intenté contre 24 criminels de guerre nazis du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, pour crimes contre l’humanité (4ème chef d’accusation). La Wehrmacht était accusée de

nombreux crimes de guerre. Le tribunal militaire international de Nuremberg a été créé en exécution de l’accord signé le 8 août 1945 par le Gouvernement provisoire de la République française, les USA, le Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, et de L’URSS, pour juger et punir les grands criminels de guerre des pays européens de l’Axe. (source : wikipédia).

 

 

 

 

 

 



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