Interview paru dans la ruche,news n°4, sept 2008
Tout est possible avec Soizic Odoux !!!
septembre 2008
Delphine Hove a interviewé Soizic…
Vous en avez peut-être déjà entendu parler, Soizic est en effet passée sur Thalassa en mai 2008…
C’est un projet un peu fou qu’elle a entrepris depuis 2007, accompagnée de son mari David, celui de redonner vie à la petite île de Quéménès, au large de Brest, (1,3 km de long, superficie de 26 hectares).
L'île, située à environ 9 km (5 milles nautiques) du port du Conquet était désertée depuis des années.
Le projet, développé en partenariat avec le Conservatoire du Littoral est devenu une vitrine en matière de développement durable.
Afin de faire découvrir leur formidable travail et la beauté de leur île, tous deux ont par ailleurs ouvert cette année des chambres d’hôtes, avis aux amateurs
Delphine Hove a interviewé Soizic pour La Ruche.
La Ruche : Soizic, quel fut ton parcours scolaire?
J’ai fait le grand chelem : de la sixième à la terminale (TS) aux dunes !
Avec le recul, je me suis rendu compte que ce cursus aux dunes m’avait apporté de solides bases pour la suite.
La Ruche : Quel fut ton meilleur ou ton pire moment aux Dunes.
Mon meilleur souvenir fut assurément ce jour où, lors des grèves lycéennes de 2000, sous un grand soleil, nous avons fait un sit-in dans la cour du lycée! Un moment un peu irréel et mémorable !
Le pire… le résultat du BAC… je devais passer aux rattrapages… !
La Ruche : Ton parcours professionnel fut-il atypique ou conventionnel?
J’ai fait un BAC+2 en valorisation des produits de la mer à Calais et Boulogne puis je me suis installée en Bretagne où j’ai débutée comme éducatrice en milieu marin dans le centre de classes de mer de l’île de Batz.
Je ne voulais pas suivre un parcours universitaire classique parce que plusieurs expériences autour de moi m’avaient démontré que ce type d’études ne facilitait pas forcément l’obtention d’un emploi. Et quelle aventure que celle que nous vivons, David et moi actuellement ! C’est vraiment un choix que nous avons fait là, celui d’une qualité de vie !
La Ruche: Quelles anecdotes ou faits marquants peux-tu nous raconter ?
Le projet de réhabilitation de l’île de Quéménès (Finistère) sur lequel nous travaillons aujourd’hui (exploitation agricole, chambre d’hôtes et éducation à l’environnement). Au départ, il fut attribué à un autre couple. Nous avons finalement été rappelés 6 mois plus tard pour nous lancer. Et chaque jour apporte son lot d’événements, d’anecdotes… de la découverte d’un four datant du Moyen-Age (en octobre 2007) aux premières naissances chez nos petits protégés (poules, moutons…). Mais l’évènement le plus important pour moi fut évidemment la rencontre de David dans un bistrot brestois, mon époux depuis 3 ans.
La Ruche : Quel furent le plus beau et le pire moment de ce parcours ?
Le plus beau moment, c’était pendant une classe de mer avec des CP de Savoie, un coucher de soleil inoubliable à la pointe Ouest de l’île de Batz.
Le pire, c’était l’hiver dernier, quand il fallait ramasser le goémon pour engraisser les champs : c’est lourd, c’est mouillé, ça glisse et c’est froid !
La Ruche : Et si c'était à refaire?
Je pense que je choisirai une formation plus technique (sur place en effet il faut être très polyvalent ! de l’élevage et culture à la réhabilitation des locaux, en passant par la mise en place des chambres d’hôtes et l’accueil du public !).
Je n’aurai jamais imaginé être un jour salariée agricole sur ma propre exploitation au milieu de la mer d’Iroise !
La Ruche : Te sens-tu bien dans notre époque malgré cet éloignement choisi? Qu'en attends-tu? Comment la juges-tu?
Ce qui est amusant, c’est que j’en découvre bien plus sur notre société depuis que j’habite sur une petite île isolée ; malheureusement, ce que je découvre n’est pas très plaisant et j’aimerais parfois imaginer que certaines personnes arrêtent de se mettre de l’argent plein les poches au détriment de toute la population.
La Ruche : Que dirais-tu à de jeunes lycéens qui s'interrogent sur leur avenir?
Sachez prendre les opportunités qui se présentent à vous ; même si ça peut parfois être difficile, la vie est pleine de surprises ! Bon courage à tous !
…Le 30 mai 2008, Thalassa leur a consacré une émission.
Coordonnées : Ferme insulaire de Quéménès 29259 Archipel de Molène
dcuisnier@free.fr
tél: 06 63 02 15 08
,
pour suivre les aventures de Soizic et David faites un petit tour sur leur blog:
http://iledequemenes.hautetfort.com
article de Ouest-France leur a consacré un article le 30 mai 2008: http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Les-Robinsons-modernes-de-l-ile-de-Quemenes-_3639-638686_actu.Htm
Depuis un an, David et Soizic vivent seuls, là où finit la terre et commence l'Océan. Sur Quéménès, une petite île au large de la Bretagne, ils cultivent la pomme de terre et accueillent les vacanciers. Seuls, mais pas isolés.
Il se souvient du jour où il a débarqué les 1 300 kg de plants apportés du continent. La tempête du 10 mars dernier avait creusé un cratère sur la cale et il a fallu tout transbahuter à la brouette depuis le bateau. Ces chères patates ! Avec trois chambres d'hôtes, elles sont au centre du projet économique qu'a bâti le couple pour ramener la vie sur Quéménès, longue escalope de terre à cinq nautiques en face du Conquet (Finistère).
Jadis, ici, vivaient jusqu'à une centaine de personnes. « On produisait du blé, des pommes de terre, un peu de fourrage pour les chevaux. Il y avait quelques cochons, des moutons. Et des jardins potagers pour les légumes. L'île vivait en quasi-autarcie », raconte David. Puis, Quéménès s'est vidée, la terre n'a plus été cultivée. En 2003, le Conservatoire du littoral l'a rachetée à la famille qui en était propriétaire. Un appel à candidatures a été lancé pour la création d'une exploitation agricole. Cahier des charges draconien : la ferme doit fonctionner en autonomie complète au plan énergétique. Et utiliser des méthodes de culture respectueuses de l'environnement.
Sarthois de Bonnétable, David Cuisnier, 31 ans, vendait du matériel de plongée à Brest. Mais il possédait une maîtrise d'aménagement du littoral. Soizic, son épouse, 25 ans, native de Dunkerque, travaillait depuis cinq ans comme animatrice de classes de mer sur l'île de Batz. Le couple a été sélectionné parmi une douzaine. Un bail de neuf ans sans loyer, un prêt bancaire de 35 000 € pour s'installer, et les voici qui emménagent.
Arrivé le premier, en mars 2007, David a commencé par défricher les parcelles à cultiver. La maison au toit d'ardoises et aux volets bleus était encore un chantier de rénovation plein d'ouvriers. « Au début, j'ai fait du camping », sourit-il. Soizic l'a rejoint en juin. Toujours pas d'eau ni d'électricité. Mais quel cadre ! La mer tout autour. Le phare des Pierres noires, les rochers de Kervouroc, Beniguet... Les cris des oiseaux, les odeurs de pierre sèche, de varech. Et le spectacle toujours changeant du ciel.
Aujourd'hui, la petite exploitation a pris son rythme. Une éolienne et des panneaux solaires couplés à de grosses batteries fournissent l'électricité plus que de besoin. Frigos, congélateurs, lave-linge, lave-vaisselle, micro-ondes... Et l'éclairage dans toutes les pièces. « On ne s'est jamais restreint, insiste Soizic. Bien sûr, un jour de brume, j'évite de faire une machine. »
Un puits et une citerne alimentée par les gouttières : voilà pour les besoins en eau. Avec douches quasiment à gogo grâce au ballon d'eau chauffée par des panneaux photo-voltaïques. La vie est ponctuée par une escapade tous les dix jours au Conquet pour les gros ravitaillements. Et par les sauts, trois fois par semaine, sur l'île toute proche de Molène afin de récupérer le courrier et prendre l'apéritif à l'Archipel.
Au fil des semaines, la basse-cour, poules et oies, s'est enrichie de quelques naissances fêtées comme des événements. Une quinzaine d'agneaux ont grossi le petit troupeau préposé au débroussaillage. En avril, les chambres d'hôte ont accueilli leurs premiers occupants. « Un jeune couple du Conquet venu passer un week-end en amoureux », se souvient Soizic. D'autres les ont suivis. Des habitués du blog (1), des retraités, des écolos, des familles... « Tous très différents. » Les journées sur Quéménès ? « Ils se baladent, lisent, se reposent. Certains pêchent, d'autres peignent. Ou ne font rien, tout simplement », raconte David.
Pour juin, le carnet de réservations affiche complet. Juillet et août partent bien. Mais la page de septembre est encore vierge. Ensuite ce sera l'hiver, le grand calme qu'ils ne redoutent pas. « Avec tout ce que l'on nous avait dit, on s'attendait à ce que ce soit horrible, se souvient David. Mais il y a tellement de choses à faire que, finalement, on ne l'a pas vu passer. »
Soirée lecture au coin du feu, dans le Ty Coz qui jouxte le bâtiment principal et leur sert de logement privé. Mais aussi la télévision, Internet, les coups de fil des copains, tous d'accord pour venir nourrir les poules si le couple décidait de prendre un peu de vacances... « Vous savez, on vit sur une île, mais on n'est pas des reclus. » Et puis, un troisième petit habitant est aussi en projet...