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Interview paru dans News-Ruche, octobre 2010

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 Aliamus Guy en pied« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque : A te regarder, ils s’habitueront » René Char.

Cette citation définit bien Guy Aliamus qui a reçu Edith Varet à Cavalaire, dans son appartement situé tout à côté du port de cette ville du sud de la France.

L’homme est malade depuis de longues années mais son humour, sa causticité, son humanité restent intacts.

 

La Ruche : Guy, quel fut votre parcours scolaire ? Quel enfant étiez-vous ?

 Guy Aliamus : Je suis né en 1932. De 1945 à 1950, de la 7ème à la 3ème j’ai suivi ma scolarité aux Dunes, de la Place Jeanne d’arc aux petites sœurs des Pauvres en passant par Mecquignies. J’avais un esprit curieux, j’étais sociable : pendant les vacances, dès mes 13, 14 ans, j’étais serveur dans les bistrots. J’étais aussi un grand lecteur, assidu, qui, dans sa jeunesse a voyagé au travers des livres dans le monde entier. J’étais doué pour les langues parce que mes parents, Flamands d’origine, s’exprimaient en Anglais avec les soldats britanniques pendant la guerre 14/18. Je n’en perdais pas une miette !

 

 

La Ruche : Un personnage, professeur ou autre vous a-t-il marqué au cours de votre scolarité? Dans quelles circonstances?

 Guy Aliamus : Plusieurs m’ont marqué : Tout d’abord, le père Lestienne, qui était un homme formidable, accueillant, dynamique. On n’avait pas peur de le rencontrer afin de discuter avec lui. L’abbé Lemaire, professeur de Français et l’abbé Deroo, professeur de langues font partie de ceux qui m’on laissé un bon souvenir. Il me semble aussi qu’il y avait un préfet des études qui s’appelait Da Silva : Petit Jef ?

 

La Ruche : Votre meilleur ou votre pire moment aux Dunes.

Guy Aliamus :  Je n’ai eu que de bons moments aux Dunes. Le plus dur, ce fut pendant la guerre car on mettait parfois une demi- journée pour aller de la place Caloone à la place Jeanne d’Arc en évitant les bombes et les éclats d’obus en passant par les caves. Mecquignies est un souvenir remarquable : mon « aîné » préféré, c’était Raymond Sansen. On logeait dans une ferme à 7 ou 8. Il était notre chef de groupe. Ce fut le temps de la découverte de la campagne par de petits citadins. Une bonne partie des élèves logeait chez l’habitant.

 

La Ruche : Avec le recul, la formation dispensée vous a-t-elle été utile?

Guy Aliamus : L’apprentissage des langues, la pédagogie menée par des professeurs hors normes  m’ont permis de suivre un parcours très constructif pour ma carrière et ma vie future.

 

La Ruche : Votre parcours professionnel fut-il atypique ou classique ?

 Guy Aliamus : Il fut très atypique : De 16 à 19 ans, je me suis embarqué comme novice pilotin dans la marine marchande (Messageries maritimes). On me rappela pour prendre un poste à la raffinerie BP car je parlais Anglais couramment et qu’il fallait absolument trouver un employé administratif bilingue sur le chantier de la construction du site pour une société d’ingénierie américaine : la Lummus. Petit à petit, des relations de confiance s’étant établies, on me donna de plus en plus de responsabilités et ce jusqu’en 1953, date à laquelle je me suis marié avec Thérèse, à Arles. Elle travaillait aussi à la Lummus.

J’ai dû remplir mes obligations militaires : 30 mois à l’époque pour les sursitaires! Là aussi l’Anglais me fut d’une grande utilité : Je fus nommé interprète de l’état major à Chypre dans l’affaire du canal de Suez. J’étais basé à Akrotiri dans la partie grecque du sud de l’île. Nasser voulait récupérer la gestion du canal détenue jusque là par les Français. Après avoir envahi le site et renvoyé les Français, ce sont les Anglais qui récupérèrent la mise ! A mon retour en France, je fus embauché par Schneider, qui tint compte de l’expérience que j’avais acquise dans la construction du site BP. Je fus ainsi nommé chef de chantier en charge des négociations pour construire des usines dans le monde entier. J’ai connu l’Egypte (entre autres, étude sur le déplacement du site d’Abou Simbel), l’Afghanistan, La terre de Feu, Abu Dabi, le Pakistan où Thérèse m’a suivi : 46° à l’ombre tout de même ! Puis nous sommes partis aux USA, toujours pour construire des usines pour Schneider : Les Caraïbes, les îles Vierges, Sainte Croix, Porto Rico. Entre temps j’avais effectué une mission en Argentine…et cela a duré jusqu’en 1972. A chaque fois, c’était une prise de risque assumée mais j’avais la chance d’être présent là où il se passait quelque chose.

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La Ruche : Quand êtes-vous revenu en France ? Que vous a apporté cette vie de globe trotter ?

 Guy Aliamus :   En 1972, j’ai repris une entreprise dunkerquoise, Nempon. Elle fut la première à recevoir une certification pour travailler dans le nucléaire, centrale de Gravelines oblige !

Mon expérience d’expatrié m’a sans doute donné le goût et l’expérience de la négociation : le dialogue permanent avec les syndicats à Dunkerque a permis des avancées dans beaucoup de domaines dans le portuaire et la réparation navale en un temps où l’on n’était pas habitué à ce genre de négociation. En 1973, je créais une filiale spécialisée en chauffage et sanitaires à Cavalaire pour raisons familiales : c’est là que j’ai fait construire une maison. J’ai pris ma retraite en 1997.

 

 

La Ruche : Quelles furent les rencontres les plus importantes dans votre vie ?

Guy Aliamus : La première fois que je suis allé négocier aux USA, avec  la puissante United States Steel Labour Union, j’ai réussi à maintenir sur le site de Sainte Croix 200 Français : cela s’est très bien passé et le patron du syndicat m’a emmené déjeuné… à la Maison Blanche à Washington ! Souvenir impérissable !

 

 

La Ruche : Si c'était à refaire?

 Guy Aliamus : Je n’hésiterai pas à recommencer de la même façon !

 

La Ruche : Vous sentez-vous bien dans notre époque? Qu'en attendez-vous? Comment la jugez-vous?

Guy Aliamus : Oui, je m’y sens bien : mais j’attends plus de mobilité de la part des jeunes : il faut qu’ils osent aller au bout de leurs rêves et qu’ils n’aient pas peur de prendre des risques pour les réaliser. Un diplôme, c’est utile mais ce n’est pas forcément cela qui ouvre les portes

 

La Ruche : Que diriez-vous à de jeunes lycéens qui s'interrogent sur leur avenir?

L’avenir, c’est ce qu’ils en feront eux-mêmes. Des échecs, ils en rencontreront mais c’est comme cela que l’on se construit.

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