La Voix du Nord du dimanche 22 avril 2012
Douze hommes, autour d'une table, discutant de l'extermination d'autres hommes : la conférence de Wannsee. Soixante-dix ans plus tard, le metteur en scène Donato Giuliani et l'association ACTE se sont penchés sur ce thème délicat et contemporain. « Wannsee » sera donné chaque soir de cette semaine, au château Coquelle.
PAR OLIVIER TARTART La Voix du Nord du dimanche 22 avril 2012
« Ce qui s'est passé il y a 70 ans à la conférence de Wannsee, ce ne sont pas les Journées du patrimoine. Ça peut recommencer demain. On dispose même aujourd'hui de moyens plus grands encore que l'Allemagne nazie... » Si Donato Giuliani a foi en l'homme, il n'en croit pas moins au travail de mémoire. Cette exigence, portée avec l'association ACTE depuis deux ans, et soutenue par l'Institution Notre-Dame des Dunes, aboutit à une semaine théâtrale au château Coquelle. « Le projet est inspiré du film La Conspiration (avec Kenneth Branagh) qui retrace le déroulement de la conférence de Wannsee. » Le 20 janvier 1942, à Berlin, quinze hauts responsables du Troisième Reich avaient débattu de l'organisation de la solution finale à la question juive.
Si elle a duré moins de deux heures, cette conférence a été décisive dans la mise en oeuvre de la Shoah puisque l'ensemble de l'appareil de l'État nazi y participe dès lors pleinement. Donato Giuliani y voit un sujet très contemporain. « Aujourd'hui, avec la crise sociale, économique et politique la société a peur. Et on connaît le mécanisme : de la peur, on passe à la haine puis à l'absence d'empathie. Ce qui a été exprimé par un officier américain (psychologue), lors du procès de Nuremberg, comme la définition du mal. Aujourd'hui, on doit tous réapprendre à accepter l'autre. Compliqué dans une société mondialisée où les formes d'accès à l'information sont tellement ouvertes que la manipulation est aisée. » Témoins et secrétaires, les spectateurs assisteront, carnet de note à la main, à la conférence en compagnie de Reinhard Heydrich, Adolf Eichmann, Josef Bühler ou Roland Freisler. « Cette industrie de la mort était une industrie à part entière. C'est effrayant de prévisions ! On parle de gens comme des objets, sans qu'il n'y ait rien d'agressif. Comment réagir ? Quel est le potentiel de chacun à résister à quelque chose qui n'est pas si oppressant que ça ? » • O. T.
« Wannsee », chaque soir, à 20 h 15, de lundi à dimanche, au château Coquelle. 7 E (sur place ou réservations au 06 83 47 36 47, déconseillé aux moins de 12 ans.