vendredi 02.12.2011, 05:15 - La Voix du Nord
Riche d'une vie emplie de souvenirs, le père André Bonpain, enfant de Dunkerque, va célébrer après-demain, à Saint-Éloi, ses soixante années de prêtrise.
PAR LAURENT LEYS
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Assis dans son fauteuil, André Bonpain lève le bras à un bon mètre de hauteur : « Les fenêtres des baraquements des Glacis étaient à cette hauteur-là. C'était facile pour se voir. On se disait bonjour. » À 86 ans, le prêtre se souvient de ce « temps merveilleux » - oui « merveilleux » - dans un Dunkerque pourtant ravagé par la guerre « J'étais un "baraquin". J'ai remplacé le père Delepoulle en janvier 1953. Le presbytère, c'était une baraque. L'église Sainte-Jeanne-d'Arc était en préfabriqué. On était logés à la même enseigne que les gens. Pour discuter de la vie qu'ils menaient, c'était plus facile. Cette vie se rapprochait de la parole de Dieu. » Il évoque le second « souvenir marquant » de sa vie : « Saint-Éloi ? C'était un chantier impossible ! Il n'y avait rien au-dessus. » Ce fils d'architecte se rappelle avoir participé à des réunions de chantier pour redonner vie à l'édifice à ciel ouvert que les bombardements avaient mis à mal. Il y a exercé son ministère de 1978 à 1991.
Dimanche matin, André Bonpain retournera dans cette église pour la célébration de ses soixante années de prêtrise . Sans doute se souviendra-t-il de ce 29 juin 1951, « jour de la fête de saint Pierre et saint Paul », où il fut ordonné prêtre à Notre-Dame-de-la-Treille, à Lille. « Le cardinal Liénart m'a embrassé une première fois. J'ai voulu me relever, mais il m'a appuyé sur l'épaule. Je me suis remis à genoux, puis il m'a embrassé une seconde fois en me disant : "C'est de la part de René". » André Bonpain raconte : « Cela fait soixante-huit ans que René a été fusillé par les Allemands au fort de Bondues pour faits de résistance. Je ne l'ai pas très bien connu : j'étais le dixième et dernier des enfants et lui était le troisième. Il y avait dix-sept ans d'écart entre nous. Pendant la guerre, nous avons quitté Dunkerque pour La Rochelle - une ville où tout le monde marchait en paix -, mais lui était resté ici. Les fois où je l'ai vu à La Rochelle, il n'était pas très serein : se doutait-il de son arrestation ? » Le père Bonpain explique : « J'avais la vocation. Et mes parents avaient le désir que j'aille au séminaire, à Issy-les-Moulineaux, où mon frère était allé aussi. » L'un de ses frères et l'une de ses soeurs ont aussi suivi la voie religieuse. Il détache les mots : « Mon frère, dans sa toute dernière lettre, écrivait : "André est quand même là pour monter aussi un jour à l'autel".
» Il ne prend pas ombrage que l'on s'intéresse à une telle figure du Nord. Lui-même reconnaît : « Quand je suis dans une rue ou sur une place à son nom, cela me fait quelque chose. De temps en temps, je passe au monument près de l'église à Rosendaël pour saluer le frangin... » •
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, présidera la célébration eucharistique dimanche, à 11 h 30 en l'église Saint-Eloi
mardi 07.12.2010, 05:10 - La Voix du Nord
Depuis une bonne semaine, André Bonpain, 85 ans, vit chez les Petites Soeurs des pauvres, à Dunkerque. Samedi midi, amis et connaissances, réunis à la mairie, ont manifesté leur amitié à « M. l'abbé » qui les quitte après neuf années de présence au milieu d'eux. PAR LAURENT LEYS
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Le héros du jour paraît étonné qu'on connaisse autant de détails sur sa vie. Jean-Pierre Decool prend la mine gourmande de celui qui pourrait continuer sur sa lancée. Depuis 2001, les deux hommes ont appris à s'apprécier.
« Prêtre résident à Brouckerque, vous avez été adopté dès la première minute. Votre départ est un véritable déchirement », confie l'élu. Il rappelle que l'abbé André Bonpain est issu « d'une famille connue en France » (voir ci-contre).
À son tour, Mgr André Delepoulle, venu de Cappellebrouck, évoque son « ami » de cinq ans plus jeune que lui. « Quand j'étais officier, j'ai assuré sa préparation militaire. Je lui ai appris à marcher au pas. » Quelques années plus tard, retrouvailles à Dunkerque : « Il m'a succédé aux Glacis. » Le littoral a longtemps constitué la terre d'attache de celui qui fut ordonné prêtre en 1951. Son sacerdoce l'a conduit à Coudekerque-Branche (Saint-Thérèse), puis à Dunkerque (Sainte-Jeanne-d'Arc, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Nicolas, Saint-Éloi et enfin comme chapelain de Notre-Dames-des-Dunes). « J'ai toujours exercé près de chez moi », résume-t-il.
Brouckerque constitue son séjour le plus éloigné. Éloigné certes, mais pas au point pour qu'il donne aujourd'hui raison à ceux qui, en 2001, considéraient qu'il partait au milieu de nulle part : « Brouckerque n'est pas un coin perdu de nos Flandres. » Depuis une bonne semaine, André Bonpain, en raison d'ennuis de santé, réside chez les Petites Soeurs des pauvres, à Dunkerque. Il laisse vide le presbytère « construit en 1782 ».