Pro de la chimie verte aux États-Unis, Anne Marteel-Parrish n’oublie pas Bray-Dunes
publié le 23/05/2015 dans la Voix du Nord PAR BENJAMIN CORMIER
La petite fille qui jouait dans les dunes et chez ses grands-parents de Bray-Dunes est aujourd’hui chef du département de chimie au Washington College, une université américaine. En avril, Anne Marteel-Parrish a reçu le prix de meilleure femme professeur de chimie au niveau national. Retour sur un parcours exemplaire.
Que faites-vous aujourd’hui au Washington College ?
« Je finis ma cinquième année en tant que chef de département. J’enseigne douze heures par semaine et j’assume aussi les responsabilités administratives et financières du département. J’assure des permanences quotidiennes pour les étudiants. J’enseigne la chimie générale, la chimie inorganique, les sciences des matériaux, la chimie verte et le développement durable – un des premiers cours offerts sur ce sujet aux États-Unis à ce niveau –, un séminaire pour de futurs diplômés en chimie… D’autres cours sont en préparation, sur l’art et la chimie verte par exemple. Je fais aussi de la recherche avec des étudiants et j’ai publié de nombreux articles. »
Avez-vous dû vous imposer en tant que femme pour parvenir à ce poste ?
« Ce n’est pas évident car très peu de femmes font de la recherche en chimie, enseignent la chimie dans une langue étrangère, tout en voulant accéder à un poste de leader. Je n’ai jamais eu peur de me trouver entourée d’une équipe à majorité masculine. J’adore me retrouver en face d’un challenge et de me prouver que I can do it. Heureusement, on m’a toujours fait confiance. J’ai une équipe (aux trois quarts masculine) qui me soutient à 100 % et une famille qui n’a jamais douté de mes capacités. »
Allez-vous « en rester là », professionnellement parlant ?
« Je me fixe de nouveaux objectifs tout le temps. Quand mon deuxième mandat de chef de département sera terminé (en juillet 2016), je chercherai quelque chose qui me permettra de rester à la pointe de mes capacités intellectuelles. »
Qu’est-ce qui vous guide dans votre métier, aujourd’hui ?
« Ce n’est pas le titre que j’ai acquis ni ma réputation, mais l’impact que j’ai dans la vie de mes étudiants. Je me sens utile. Je leur apprends beaucoup plus que des connaissances en chimie. Je leur apprends à étudier et à trouver leur voie. »
Quel regard portez-vous sur le système universitaire, la recherche et le monde de l’entreprise aux États-Unis ?
« Le monde universitaire aux États-Unis est tellement différent de celui de la France qu’il est difficile de les comparer. J’ai choisi de faire mon doctorat ici car on m’a donné plus de liberté au niveau recherche, et ma liberté, c’est sacré ! Il y a beaucoup plus de moyens pour faire de la recherche ici. On me donnait plus d’opportunités de travailler sur des projets en vogue. J’étais libre de travailler tout le temps si je le voulais (il n’y a pas de week-ends quand on fait de la recherche aux USA). On travaille beaucoup plus ici, on publie plus aussi et on se fait aussi mieux connaître et plus rapidement. »